Nous n’avons plus de grands écrivains, hélas...

Chaque rentrée littéraire est l’occasion de constater à quel point nous n’avons plus de grands écrivains, des hommes, des femmes dont l’écriture, la pensée, l’univers modifient profondément le regard que nous pouvons porter sur notre époque, notre monde. Qui sont les Proust, les Céline, les Sartre, les Gracq de ces 50 dernières années ?

Il est singulier de constater comment de nombreux auteurs, dont la production est très importante, qui ont parfois gagné des prix littéraires prestigieux, restent des inconnus. Visitez n’importe quel catalogue d’une "grande" maison d’édition (encore faudrait-il s’entendre sur ce qualificatif) et vous constaterez cette terrible réalité.

La pauvreté de l’édition actuelle, incarnée par des auteurs qui récitent toujours le même monologue – le pire étant pour moi un propos que j’ai entendu il y a quelques mois sur une émission grand public où l’une des personnes interviewées expliquait qu’il est extraordinaire de réaliser comment la littérature peut combler les blancs de l’Histoire... – et dont le discours convenu renseigne profondément sur le statut de l’écrit aujourd’hui. Pour être écrivain, il faut avant tout être une personne publique. Raconter une histoire sans intérêt (sa propre vie, de préférence), avoir un style facile à lire (d’aucuns diront n’avoir donc aucun style), surfer sur l’actualité et affirmer avec autorité que vous avez « accouché » de votre roman comme d’une nécessité absolu qu’il fallait livrer à tous. Lisez également les magazines spécialisés de la presse littéraire et vous pourrez mesurer la vacuité de ces interviews où le journaliste passe les ¾ de son temps à décrire les paysages qu’il a observés en arrivant chez le romancier, lequel pourra constater quelques semaines plus tard, à la lecture de ce chef d’œuvre d’inspiration, que la sienne naît d’un élément de charpente que je ne nommerai pas ici.

Ce constat, bien sûr, je ne suis pas le premier à le faire. Pierre Jourde, par exemple, l’illustre régulièrement dans ses billets talentueux que je vous encourage à lire : lien.

Désabusé, mais non dépité, je retourne à l’écriture de mon « œuvre » dont l’accouchement est prévu pour le dernier trimestre 2021. Des triplés, une fois de plus !