D’une trilogie à l’autre…

Et de deux !

Voici ma deuxième trilogie (bientôt) publiée. Sera-t-elle la seconde ou la deuxième ? La dernière ou l’avant-dernière ? Au moment où j’écris ces lignes je ne le sais pas encore...

Une nouvelle trilogie de tonalité proustienne. Comme par hasard. Publiée en 2022, centenaire de la mort de l’auteur… Comme par hasard ! Mes trilogies ne seraient-elles que des coups de pub ? Du marketing ficelé à l’avance ? Non, assurément non.

Cette nouvelle trilogie, comme la première, est le fruit d’une expérience et d’une frustration. Une expérience d’écriture liée à une frustration scientifique. Celle de ne pas avoir pu tout dire, tout écrire dans mes publications académiques, scientifiques. Celle d’avoir conservé durant mes recherches des notes qui faisaient autant écho à ma propre histoire qu’à mes questionnements universitaires (lien).

En 2014/2015, souhaitant changer de terrain d’étude, j’ai décidé de (re)lire entièrement À la recherche du temps perdu. Au début de son récit le narrateur explique qu’il y avait pour lui deux « côtés » à Combray. Deux « côtés » parfaitement séparés (dans son imaginaire). Puis, à la fin de son cycle romanesque, il réalise que les deux « côtés » ne sont pas si séparés que cela, qu’ils peuvent se rejoindre, communiquer (cf. l’avant-propos à « Ces cimes bleues de la mer » : lien).

Là, ce fut pour moi un déclic et une surprise. La surprise de constater que le narrateur du cycle romanesque le plus connu au monde présente une vision discontinue de l’espace comme celle que j’ai eue pendant longtemps, jusqu’à ce que je fasse mes études en géographie… Le déclic qu’il y a là un invariant anthropologique de l’imaginaire géographique. Un imaginaire qui sépare, puis qui relie.

En somme, les expériences racontées par le narrateur de ce cycle romanesque me parlent particulièrement. Elles rejoignent mon histoire personnelle et constituent un terrain de recherche inédit. À tel point que mes recherches ont pris la forme d’un essai inédit que j’ai présenté pour soutenir mon HDR (lien).

Mais je n’ai pas pu tout écrire dans cet essai universitaire. Certaines notes que j’avais prises ne pouvaient figurer dans cet essai. Alors, comme pour mes travaux verniens, ces éléments m’ont permis de composer un puzzle qui a pris la forme d’une trilogie romanesque. Aucun marketing, aucun calcul éditorial : cette trilogie est publiée cette année 2022 tout simplement parce que j’ai terminé son écriture l’année dernière. Et elle complète ma première trilogie, dialogue avec elle, lui apporte une conclusion inattendue. Juste le hasard des calendriers et des célébrations.

L’écriture revêt pour moi un caractère impérieux. Longtemps elle a pris la forme de publications scientifiques. Mais ces dernières sont incomplètes à mes yeux. Il leur manque une autre dimension, plus personnelle, littéraire, poétique. D’où l’écriture de mes romans. D’où leur publication

Je n’ai pas de prétention littéraire mais une ambition : celle de transmettre sous une forme romanesque mes questionnements personnels qui sont aussi des questionnements scientifiques. La littérature est un réservoir immense de questionnements qui touchent tous les hommes et les femmes. La littérature est un réservoir immense d’expériences narrées qui offrent en retour des expériences singulières aux lecteurs. La littérature est un réservoir immense qui accueille nos pensées les plus profondes. La littérature est une géographie à part, chaque roman, chaque livre est un paysage, « une surface travaillée en profondeur et systématiquement remaniée par l’activité du lecteur » (lien). Un roman n’existe que pour autant qu’un lecteur s’empare du récit qui lui est proposé. Tel est mon objectif : donner au lecteur l’envie et le plaisir de me lire comme ceux que j’ai éprouvés à lire et étudier Jules Verne, puis Marcel Proust.

Bonne lecture et merci de m’avoir lu jusque-là !

Le Minot Tiers.