L’écriture, un confinement salvateur (?)

Difficile de ne pas établir un lien entre l’actualité et l’acte d’écriture. Celles et ceux qui écrivent savent à quel point cet acte nécessite parfois de s’isoler pour poser sur le papier les idées que l’on veut mettre en forme. Faut-il pour autant se confiner pour écrire ? L’écriture est-elle un confinement nécessaire ?

Tout dépend de ce que l’on entend par confinement, sa nature, sa durée. Passer quelques heures par jour ou par semaine, seul, enfermé dans une pièce pour obtenir de la tranquillité afin de pouvoir écrire, relève d’un choix assumé et protecteur en quelque sorte. C’est un confinement voulu, désiré et non subi, sauf quand les mots et les idées ne se bousculent pas au portillon de l’inspiration… En effet, écrire est toujours un acte impérieux qui nécessite la mise en œuvre des conditions requises pour l'accomplir. En ce sens, parce qu'il s'agit d'une nécessité, l'écriture peut transformer ce passage à l'acte en une violence subie, dictée par un surgissement profond que l'on ne contrôle pas. Qui dicte quoi à qui ?

Peut-être un retour à l'étymologie de « confiner » permettra d'y voir un peu plus clair : « forcer quelqu'un à rester dans un espace limité » (lien). Ah, voilà qui plaît au géographe ! L'espace est une des données du problème. Pour écrire, il faut du temps et de l'espace. Un espace-temps limité si l'on considère que l'écriture est donc un confinement. Trop d'espace permettrait aux idées de s'échapper avant que nous les ayons posées sur le papier, tel un troupeau à enclore, à protéger des contraintes extérieures : la dispersion, l'inertie, la fuite en avant, le syndrome de la page blanche.

Il existe évidemment des auteurs capables d'écrire sans s'enfermer, capables de produire un texte dans le tumulte d'un environnement bruyant. Des auteurs qui ont besoin de la foule pour se retrouver seuls, à la terrasse d'un café (difficile en ce moment...), dans un jardin public, etc. Finalement, tout dépend de l'acception que nous retenons pour ce terme.

Pour moi, écrire c'est remplir l'espace fermé d'un moment, d'un lieu, d'un paragraphe, d'un chapitre, d'un roman. Un espace vide à combler en un temps déterminé. Un confinement nécessaire et libérateur. L'enfermement avant la libération. La contrainte pour la création.